COORDINATION POUR LA SAUVEGARDE DE LA DEMOCRATIE AU NIGER C.S.D / FRANCE

jeudi 17 décembre 2009

Déclaration du 22 novembre 2009 : la CFDR demande à Tandja de partir le 22 décembre prochain

Le dimanche 22 novembre 2009, la Coordination des Forces pour la Démocratie et la République (CFDR) a animée un meeting à la Place Toummo de Niamey, loin du parfum de l’Assemblée de la 6ème République. La manifestation a drainé autant du monde que les précédentes. La capitale a une énième fois dit non au « Tazarce », et ce en dépit de l’absence de trois (3) principaux leaders politiques de la CFDR à savoir Mahamane Ousmane, Mahamadou Issoufou et Hama Amadou. Cette manifestation qui intervient au lendemain de la fin du séjour du Général à la retraite Abdulsalami Abubakar, médiateur commis par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la crise politique nigérienne, vient pour appuyer les dires de la CFDR à Abuja, que le peuple n’est pas pour la 6ème République, mais qu’il reste attaché à la Constitution du 9 août 1999. Tour à tour, Mahaman Hamissou Moumouni, président du Front pour la Démocratie et la République (FDR), l’un des trois fronts qui composent la CFDR, Marou Amadou du Front Uni pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (FUSAD), Abdoulaziz Ladan du Réseau des Organisations de Développement et des Associations de Défense des Droits de l’Homme et de la Démocratie (RODADDHD), Mohamed Bazoum, vice-président du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), Amadou Nouhou de l’Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès (ANDP Zaman Lahiya) se sont succédé à la tribune avec le même ton et le même contenu, fermeté à l’endroit de la 6ème République et ses animateurs, volonté exprimée d’aller vers le dialogue mais dans le respect strict de la démocratie et de l’Etat de droit.
Aujourd’hui, dimanche 22 novembre 2009, nous sommes exactement à un mois, jour pour jour, de la fin du mandat légal de Monsieur Tandja Mamadou en tant que Président de la République, conformément aux dispositions de la Constitution du 09 août 1999. Le peuple nigérien aurait pu être à la veille d’un évènement majeur, celui d’une alternance démocratique au pouvoir, dans la quiétude sociale et dans la paix des coeurs et des esprits, avec la fierté légitime d’avoir posé, année après année depuis 1999, des actes décisifs dans l’édification de la démocratie et de l’Etat de droit. Mais hélas, la mégalomanie d’un homme, Tandja Mamadou, l’a conduit à nous plonger dans une crise politique et sociale sans précédent, que seuls les négateurs invétérés continuent à ignorer. Mais qu’à cela ne tienne !! Même les évènements les plus dramatiques de l’histoire humaine tels que l’holocauste et les génocides, ont eu leurs négateurs. Cela n’a pas empêché l’histoire de rétablir la réalité des évènements et la vérité de triompher sur le mensonge.
Comme vous le savez, le sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO a examiné la crise politique nigérienne et a nommé, le 17 octobre dernier, un Médiateur en la personne de Son Excellence Monsieur Abdulsalami A. Abubakar, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria. Pour démarrer le processus d’information et de dialogue devant permettre de ramener notre pays dans le rang des Etats démocratiques et respectueux des engagements sous régionaux, régionaux et internationaux librement souscrits, la CFDR a répondu favorablement à l’invitation du médiateur. Elle a donc dépêché à Abuja, du 11 au 15 novembre 2009, une importante délégation, composée de ses plus hauts responsables et conduite par le Président Mahamane Ousmane. Cette délégation a eu à présenter au médiateur un mémorandum sur la politique au Niger et des propositions de sortie de crise. La CFDR adresse ses vifs remerciements aux plus hautes autorités de la CEDEAO qui, au niveau de la Commission, du Parlement et du Sommet des chefs d’Etat, n’ont ménagé aucun effort pour soutenir les Nigériens dans la recherche des voies idoines permettant de résoudre la crise politique de leur pays. La CFDR tient également à remercier tous les partenaires du Niger et les organisations internationales qui ont très tôt décelé l’imposture politique et juridique en préparation et qui ont opposé une fin de non-recevoir à Monsieur Tandja Mamadou. Le peuple nigérien a une tradition de lutte contre l’injustice et l’arbitraire. Je voudrais à ce sujet rappeler que les forces vives de la nation réunie au sein du Comité de Coordination des Luttes Démocratiques (CCLD) avaient arraché de haute lutte la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine du 29 juillet 1991 au 03 novembre 1991, laquelle, a permis de jeter les bases d’un ensemble de réformes politiques et institutionnelles qui ont rendu possible l’organisation des premières élections libres et démocratiques en 1993. Il vous souviendra que le pays va par la suite payer un lourd tribut à l’instabilité politique et ce jusqu’aux élections 1999. Mais avec l’adoption de la Constitution du 09 août 1999, fruit d’un large consensus national et l’organisation, en novembre et décembre 1999, d’élections générales libres et transparentes, le Niger renouera avec la démocratie et la stabilité. Ce sont ces élections qui ont permis de mettre en place de nouvelles institutions et de porter à la tête de l’Etat, Monsieur Tandja Mamadou pour un premier mandat de cinq ans à partir de décembre 1999, puis pour un second et dernier mandat, à la suite des élections de 2004, conformément aux dispositions de la Constitution du 09 août 1999.
Le Président Tandja a bénéficié d’une attitude bienveillante de la part des forces démocratiques, ce qui devait contribuer au renforcement du cadre démocratique par l’organisation d’élections générales à la fin de son mandat le 21 décembre 2009. Mais au lieu de se placer dans la logique de l’alternance et du renforcement des institutions démocratiques, M. Tandja décide de remettre en cause le processus démocratique et de prendre un train de mesures anticonstitutionnelles ayant abouti à la grave crise politique, économique et sociale que connaît notre pays aujourd’hui. Plusieurs voix se sont élevées tant au plan intérieur qu’extérieur pour attirer l’attention du Président Tandja sur les conséquences de la violation de la Constitution et des traités internationaux pour notre pays. Mais toutes ont malheureusement buté à une fin de non-recevoir.
Des missions de bons offices de haut niveau ont été également dépêchés au Niger par les organisations internationales. Il s’agit en particulier :
De la mission du comité des sages de la CEDEAO au mois de mai 2009 ;
De la mission de l’envoyé spécial du Président en exercice de la CEDEAO S.E. Monsieur Abdoulsalami Aboubakar, ancien Président du Nigeria en juin 2009 ;
De la mission de l’envoyé spécial du Président de l’UA le 28 juin 2009 ;
De la mission conjointe de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU le 21 juillet 2009 ;
De la mission de l’OIF conduite par l’ancien Président burundais, Pierre Buyoya, le 24 juillet 2009 ;
De la mission de la société civile ouestafricaine ; - De l’intervention de plusieurs ambassadeurs des pays amis du Niger résidant à Niamey ;
De la mission de la CEDEAO conduite par S.E Mme Ellen Johnson Sirleaf le 18 octobre 2009.
Toutes ces missions ont été mal reçues par les autorités nigériennes. Pire, au mépris de la courtoisie diplomatique élémentaire, le pouvoir a orchestré une campagne de critique malveillante sur les médias nationaux et internationaux à l’encontre des organisations internationales et des pays amis. Ceux-ci sont accusés du crime d’avoir « osé » conseiller Monsieur Mamadou Tandja de respecter l’ordre constitutionnel de son pays, les engagements sous-régionaux, régionaux, panafricains, et internationaux auxquels le Niger a souverainement souscrit et dont certains sont signés de sa propre main. Faisant fi des protestations et condamnations des forces vives de la Nation et des recommandations de la Communauté internationale, Monsieur Mamadou Tandja a poursuivi son coup d’Etat par la dissolution de la Cour Constitutionnelle et l’organisation illégale, le 04 août 2009, de son référendum anticonstitutionnel, avec lequel il s’est octroyé son étrange bonus de trois (3) ans. Il va parachever son coup d’Etat par l’organisation illégale des législatives du 20 octobre 2009. Ces actes ont valu à notre pays l’interruption ou la suspension de sa coopération avec certains partenaires bi et multilatéraux. En violant de manière éhontée le droit interne, et en foulant au pied tous les engagements sous-régionaux, régionaux, partenaires, et internationaux auxquels le Niger a souverainement souscrit, relativement aux exigences de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit, de la démocratie, et du respect des droits de l’homme, M. Tandja a précipité le Niger dans une impasse. Cette impasse d’abord juridique a inévitablement des conséquences politiques, économiques, sociales et diplomatiques. Au regard des actes posés par M. Tandja avec pour seule fin de permettre son incrustation illégale et illégitime au pouvoir, l’on ne peut sur le plan interne que :
constater l’inexistence juridique de la « Constitution de la 6ème République » ;
constater que tous les actes posés dès lors par M. Tandja Mamadou sont de pires voies de fait ; donc nuls et de nul effet sur le plan strictement juridique ;
constater que le pouvoir de M. Tandja Mamadou ne repose désormais ni sur la légalité, ni sur la légitimité, mais sur la force brute.
C’est pourquoi, la communauté internationale traite la situation politique du Niger comme celle de n’importe quel d’Etat et est intransigeante par rapport aux engagements sous-régionaux, régionaux et internationaux auxquels le Niger a souverainement souscrit. Nous savons que la situation actuelle de violence et de déni de droit au Niger va affecter la paix et la sécurité dans la sous région. En effet, le comportement antidémocratique et répressif du pouvoir de Monsieur Mamadou Tandja, déniant systématiquement à l’opposition tout droit à certaines manifestations publiques tels que les marches, allant jusqu’à réprimer sauvagement et brutalement même les simples attroupements devant les sièges des partis politiques, empêchant l’accès aux médias d’Etat à tous ceux qui ne partagent pas les opinions du pouvoir, est porteur, de dangers et de graves menaces pour la stabilité et la quiétude sociale du Niger et de la sous région. C’est en cela que notre lutte est juste car elle vise à restaurer l’Etat de droit au Niger, les libertés fondamentales et la légalité constitutionnelle consacrée par la Loi fondamentale du 09 août 1999. Elle vise également à faire en sorte que le Niger demeure un membre à part entière de la Communauté internationale, respectueux des principes démocratiques, du droit international et des engagements auxquels il a librement souscrit. Cette lutte est celle de toutes les Nigériennes et de tous les Nigériens des campagnes et des villes, quelle que soit leur position sociale. Car l’enjeu est d’amener Monsieur Tandja à restituer au peuple nigérien ce qu’il lui a pris de plus cher : sa souveraineté et sa liberté.
Le mandat de Monsieur Tandja prend fin le 22 décembre prochain. A partir de cette date, il perd toute légitimité et toute légalité à l’intérieur comme à l’extérieur.
Il appartient donc au peuple nigérien de se mobiliser en vue de sortir de la voie sans issue dans laquelle l’a engouffré Monsieur Tandja Mamadou et de mettre un point final à cette restauration autocratique programmée de longue date et hypocritement appelée « refondation de la République » par les tenants de la dictature. Mais au même moment, la CFDR accueille favorablement la médiation engagée par la CEDEAO et est convaincue qu’il s’agit d’une ultime chance offerte à notre pays que M. Tandja et son clan auraient tort de mépriser. En tout état de cause, nous sommes déterminés à accompagner les efforts du médiateur dans la recherche d’une solution de sortie de crise basée sur le dialogue, dans le respect de l’Etat de droit et des acquis démocratiques.
Vive le Niger !
Vive la Démocratie !
Vive la CFDR !
23 novembre 2009