COORDINATION POUR LA SAUVEGARDE DE LA DEMOCRATIE AU NIGER C.S.D / FRANCE

jeudi 17 décembre 2009

Tandja dans un autre monde, l’opposition toujours sur terre

AfriSCOOP) — L’actualité politique nigérienne est de nouveau sous les rampes de l’information en Afrique de l’ouest à cause de la géante marche de contestation du pouvoir de Mamadou Tandja organisée par ses opposants. Une contestation de plus, pourrait-on dire, quand on sait que le camp Tandja s’est claquemuré dans la logique de terminer la prorogation de son mandat qu’il s’est offert au nom de la « refondation ».
Les dernières discussions entamées à Bruxelles (Belgique) entre le pouvoir de Niamey et ses opposants sous la férule de l’Ue (Union européenne) ne semblent pas être en mesure d’ébranler la détermination du régime en place au Niger à maintenir le cap de ses réformes. Des mutations politiques qui ont pour base le referendum constitutionnel à travers lequel le pouvoir central de ce vaste Etat sahélien s’est octroyé une “prolongation” en matière de gestion des affaires publiques jusqu’en 2012, alors même que le second mandat de Mamadou Tandja devait prendre fin le 22 décembre 2009. Contre vents et marées, la consultation référendaire précitée a été maintenue et organisée. Même si cela a coûté aux dirigeants de cette République ouest-africaine de 1.267.000 km² de devenir les parias de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) et de se mettre à dos la diplomatie européenne, française (ancien colonisateur de ce pays), et même de Washington.
A la première rencontre des discussions ouvertes à Bruxelles sur la crise politique nigérienne, il a été demandé au pouvoir de Mamadou Tandja de desserrer l’étau autour de la confiscation des libertés publiques. L’un des nombreux canaux au travers desquels les partisans du maintien au pouvoir de Mamadou Tandja ont fait passer leur plan machiavélique ! A cette demande européenne, le pouvoir central de Niamey a promis d’apporter des réponses tangibles dans les prochaines semaines. Tout en faisant savoir sans ambages à leurs partenaires occidentaux que le Niger considère comme définitivement acquises les réformes constitutionnelles introduites dans le jeu politique nigérien par le referendum ultra contesté d’août 2009. Ce point constitue justement la principale ligne de revendication des opposants nigériens.
Il est certes légitime mais dans le contexte nigérien, il serait surprenant que le camp Tandja fasse marche arrière. Les fondements de la nouvelle ligne politique de Mamadou Tandja et les siens sont simples : depuis cette année, le Niger a conclu avec la multinationale française Areva, en présence du président Sarkozy, un important bail pour l’exploitation de ses immenses réserves d’uranium. Un contrat à même de renflouer considérablement ses recettes et prévisions budgétaires annuelles ! Sans compter les fruits financiers du raffermissement de l’axe Pékin-Niamey pour l’exploitation de l’or noir, toujours sur le territoire nigérien. Autant d’alibis économiques qui ont suffi à immoler les acquis de la démocratie nigérienne en l’espace d’un semestre.
Le hic dans cette mutation hideuse de la politique nigérienne, c’est que la France est obligée de ne s’accommoder que de légères critiques à l’encontre de la République nigérienne. Au nom justement des intérêts de la firme Areva. La solidarité européenne voudrait par ailleurs que Bruxelles ne bouscule Mamadou Tandja et les siens au nom uniquement des principes démocratiques. Pauvres opposants nigériens ! Comme l’a souligné un proche de M. Tandja à l’issue de la première rencontre entre classe politique nigérienne et autorités européennes, l’heure n’est plus à la contestation. Elle est plutôt à la collecte de points de vue constructifs de tous les Nigériens pour le développement de leur Etat.
On a cependant de la peine à croire que M. Tandja opérera avec la détermination qu’on lui connaît les réformes idoines pour un décollage définitif de son pays. Tant les leçons de la concentration des pouvoirs par l’exécutif en Afrique nous enseignent que les dirigeants africains ne sont pas des communistes comme les Chinois. Au président nigérien de nous prouver le contraire d’ici 2012.